Duval: «Une première victoire aurait tout changé» (03/01/2005)
François a quitté Ford après avoir perdu trois chances de succès suiteà des ennuis mécaniques
CUL-DES-SARTS Après un mois et demi de mutisme afin de ne pas devoir payer la lourde amende (environ 250.000 €) prévue par Ford en cas de non-respect du contrat le liant encore jusqu'au 31 décembre 2004, notre compatriote peut enfin nous expliquer les raisons d'un choix peut-être déterminant pour son avenir en Championnat du Monde des rallyes.
François, première question à laquelle vous pouvez désormais répondre: pourquoi avoir quitté Ford qui vous proposait un contrat de quatre ans pour une saison seulement chez Citroën?
«Tout d'abord, je possédais avec Ford un contrat portant jusqu'à 2006. Mais fin août, au Japon, Malcolm Wilson m'a annoncé que Ford arrêtait. Il m'a même demandé de lui signer une lettre selon laquelle je renonçais à toute indemnité puisqu'ils avaient respecté une clause bien précise en me prévenant suffisamment tôt. Deux mois plus tard, la situation avait changé. Mais entre-temps, sans volant, j'avais noué des contacts avec les autres teams. J'ai reçu plusieurs propositions et j'ai opté pour Citroën. Ils ne sont pas doubles champions du monde pour rien. Ils ont des moyens, des budgets suffisants pour effectuer énormément d'essais, ce qui manquait cruellement chez Ford. Et puis, j'avais envie d'essayer autre chose.»
Vous n'avez signé qu'après l'Australie, début novembre, après que votre ancien employeur fut revenu à la charge avec une proposition de quatre ans non négociable.
«Exact. Mais je venais d'abandonner à deux reprises, à cause de soucis mécaniques, des rallyes que j'aurais pu gagner. Des ennuis liés au manque d'argent. Je ne voulais plus que cela se reproduise. Malcolm a certes la garantie, du moins sur papier, de pouvoir faire rouler deux WRC durant quatre ans. Mais il faudra encore voir dans quelles conditions.»
Si vous aviez gagné votre premier rallye en 2004, cela aurait changé quelque chose?
«Oui! Cela aurait été bien aussi de continuer avec Ford. C'est tout de même eux qui m'ont lancé et, comme on l'a encore vu en Corse et en Catalogne, la Focus reste une bonne voiture. Dommage qu'elle ne soit pas suffisamment fiable... Mais c'est juste une question d'argent.»
Certains prétendent que le salaire proposé par Citroën a fait pencher la balance.
«C'est faux! A deux euros près, j'aurais reçu la même chose chez Ford. Avec en plus un contrat de quatre ans et une belle augmentation en perspective pour 2007-2008. Financièrement comme sportivement, j'ai plutôt pris un risque.»
Carlos Sainz, qui avait aussi quitté Ford pour Citroën, vous a-t-il conseillé?
«Oui, il m'a mis en bouteille. Au départ, Citroën ne me proposait que six rallyes, ce que je n'aurais jamais accepté. Mais le Matador m'a conseillé d'attendre. Et j'ai été un des premiers à qui il a confié qu'il mettait un terme à sa carrière et me laissait sa place.»
Vous êtes-vous quittés en bons termes avec Malcolm Wilson?
«Il est certain qu'il est très déçu que je l'aie laissé tomber. Mais c'est la vie! Mon manager a encore été en contact récemment avec lui et il n'a toujours pas digéré ma décision même s'il a fait preuve de sportivité en me permettant d'effectuer mes quatre premiers jours d'essais avec Citroën en décembre alors que j'étais toujours sous contrat Ford.»
La porte reste-t-elle ouverte pour un éventuel retour en 2006?
«Si PSA se retire (NdlR: notez l'emploi du conditionnel alors que la décision du retrait de Peugeot et Citroën a pourtant été officialisée), ce serait bien que je puisse éventuellement retourner chez Ford. Mais pour l'instant, il est trop tôt pour y penser. Malcolm est encore trop fâché.»
Propos recueillis par Olivier de Wilde
© Les Sports 2005
Vraiment dommage que François parte à cause des abandons pour cause de problèmes mécaniques...
On peut aussi comprendre que Citroën pourrait (devrait) ne pas arrêter fin 2005...